Exercices Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la Première Guerre mondiale
Prépare-toi à progresser en Histoire avec ces exercices niveau 1re : "Les sociétés en guerre : des civils acteurs et victimes de la Première Guerre mondiale". Conçu pour renforcer les notions clés vues en cours, cet entraînement te permet de t’exercer à ton rythme. Idéal pour réviser efficacement et gagner en confiance. À toi de jouer !
Entrainement
Évaluation
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Introduction du dossier :
Au printemps 1917, tandis que sur le front une vague de mutineries traverse l’armée française et qu’à l’autre bout de l’Europe la Russie est en pleine révolution, la contestation de l’« union sacrée » prend de l’ampleur en France et de nombreuses grèves éclatent à l’arrière du pays. Impliquant largement les corporations féminines – les « midinettes » (ouvrières du textile) et les « munitionnettes » (ouvrières de l’armement) –, ce mouvement de contestation sociale débouchera sur un mouvement plus vaste fortement teinté de pacifisme en 1918.
Document 1 : Le mouvement de grève parisien
Depuis le début de l’année 1917 la dureté des conditions d’existence s’est accrue, marquée par la pénurie alimentaire et l’inflation. Dans ce contexte, en mai, les « midinettes » (c’est ainsi que l’on surnomme ces ouvrières parisiennes de la couture qui à la pause de midi se contentaient d’une dînette) se mettent en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et la revalorisation de leur salaire. Ce mouvement de grève de mai-juin touchera également les modistes, les employées, etc.
« Ainsi que nous le faisions pressentir, le mouvement gréviste a pris une ampleur considérable. Aux ouvrières des maisons Jenny et Cherruit sont venues se joindre, hier, celles des entreprises Deuillet, Premet, Lanvin, Brandt, Schwobb et Zimmermann ; ce qui porte à environ deux mille le nombre des midinettes ayant cessé le travail.
Et l’enthousiasme est tel qu’il faut s’attendre à une généralisation de la grève. Patrons et patronnes étaient loin de se douter que l’application de la semaine anglaise1 leur vaudrait un conflit de cette importance.
Nous acceptons la semaine anglaise1, ont répondu les cousettes, mais nous n’admettons pas qu’elle entraîne une diminution de nos salaires. »Extrait d’un article paru dans L’Humanité, 16 mai 1917
1. La « semaine anglaise » consiste en l’arrêt du travail du samedi midi au lundi matin. Cette revendication est au cœur des mouvements de grève de l’année 1917.
Document 2 : Les ouvrières de la Grande Guerre
Ouvrières françaises photographiées à leur poste de travail dans une usine de guerre à Bourges, Pierre Alphonse Pansier, 1916, ©Pierre Pansier/ECPAD/Défense
Guerre totale, la Première Guerre mondiale mobilise toute la société. Les « munitionnettes », ces femmes employées dans les usines d’armement à la place des hommes partis au front, participent activement à l’effort de guerre. Travaillant parfois plus de dix heures par jour dans des conditions difficiles, nombre d’entre elles participeront au mouvement de grèves discontinues qui touche l’arrière au printemps 1917.
Document 3 : Albert Thomas, un ministre réformiste dans la guerre
Photographie d’Albert Thomas dans les années 1910
Homme politique français né en 1878, Albert Thomas joua un rôle important pendant la Première Guerre mondiale. En effet, c’est lui qui organisa la production d’armements et le travail ouvrier à la tête de son ministère de l’Armement et des Fabrications de guerre entre décembre 1916 et septembre 1917. Fervent patriote, il fut l’un des trois ministres socialistes du gouvernement d’« union sacrée » formé pendant la guerre. Socialiste de tendance réformiste1, il prôna une « union industrielle pour la paix sociale ». Son action pour diriger l’effort de guerre passa par la mise en place d’une politique industrielle dirigiste2.
1. Le réformisme est un courant politique issu du monde ouvrier qui vise à améliorer la vie sociale et économique par des réformes et non par la révolution.
2. Le dirigisme est un système politique dans lequel l’État assume la direction de la vie économique. Il s’oppose au libéralisme, qui rejette l’intervention de l’État dans l’économie.Document 4 : La loi sur le repos de l’après-midi du samedi
« Art. 1er : Pendant la durée de la guerre et tant qu’une loi générale ne sera pas intervenue, dans les industries […], le repos pendant l’après-midi du samedi sera assuré aux ouvrières de tout âge dans des conditions déterminées, pour chaque profession et pour chaque région, en tenant compte des besoins du travail dans les diverses saisons, par des règlements d’administration publique, qui se réfèreront, dans les cas où il en existera, aux accords intervenus entre les syndicats patronaux et ouvriers de la profession et de la région.
Art. 2 : Lorsque les besoins de la défense nationale l’exigeront, l’application de la présente loi pourra, par décision du ministre de la guerre, être suspendue en ce qui concerne les ouvrières travaillant pour la confection militaire. »Extrait de la Loi tendant à organiser pour les femmes le repos de l’après-midi du samedi dans les industries du vêtement, signée par le président de la République Raymond Poincaré le 11 juin 1917
QUESTION
Caractérisez l’implication des femmes dans les grèves de l’année 1917 et citez leurs principales revendications. (doc. 1 et 2)
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Introduction du dossier :
Les soldats ne sont pas les seuls à souffrir pendant la Grande Guerre. Les violences commises à l’encontre des civils atteignent leur paroxysme dans certaines régions d’Europe. En 1915 et 1916, les Arméniens, minorité chrétienne de l’Empire ottoman, sont victimes d’un génocide organisé par le gouvernement de l’Empire ottoman. Pendant ces deux années, 1,2 million d’Arméniens ont été massacrés sur ordre des autorités de l’Empire ottoman (actuelle Turquie). Un siècle plus tard, cette histoire est un sujet tabou en Turquie, qui refuse de reconnaître l’existence de ce génocide.
Document 1 : Le télégramme de Talaat Pacha
« Le gouvernement a décidé d’exterminer entièrement tous les Arméniens habitant en Turquie. Ceux qui s’opposeraient à cet ordre et à cette décision ne pourraient faire partie de l’administration. Sans égard pour les femmes, les enfants et les infirmes, quelques tragiques que puissent être les moyens de l’extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à leur existence. »
Télégramme de Talaat Pacha, ministre de l’Intérieur de l’Empire ottoman, à la préfecture d’Alep, le 15 septembre 1915
Personnage clé : Mehmed Talaat Pacha (1874 – 1921)
Portrait de Mehmed Talaat Pacha, Henry Morgenthau, 1915
Né le 1er septembre 1874 à Kardjali et mort le 15 mars 1921 à Berlin, il fut le Grand vizir (Premier ministre) et principal responsable de la politique de l’Empire ottoman de 1913 à 1918, ainsi qu’un des leaders du mouvement Jeunes-Turcs.
Il est celui qui donna l’ordre d’exterminer la population arménienne, ce qui conduira au génocide par la suite. Condamné à mort à Constantinople en 1919, il sera assassiné deux ans plus tard pendant l’opération Némésis.Document 2 : Carte de l’Empire ottoman 1915 – 1916
Document 3 : Le génocide arménien
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Document 4 : La déclaration de la Triple Entente
Depuis avril 1915, les Allemands et les Alliés sont informés par leurs ambassadeurs en Turquie des déportations et des massacres contre les Arméniens.
« Depuis un mois environ, la population kurde et turque de l’Arménie procède, de connivence et souvent avec l’aide des autorités ottomanes, à des massacres des Arméniens. De tels massacres ont eu lieu vers la mi-avril […], à Erzeroum, Dertchun, Eghine, Akn, Bitlis, Mouch, Sassoun, Zeïtoun et dans toute la Cilicie ; les habitants d’une centaine de villages aux environs de Van ont été tous assassinés ; dans la même ville, le quartier arménien est assiégé par les Kurdes. En même temps, à Constantinople, le gouvernement ottoman sévit contre la population arménienne inoffensive. En présence de ces nouveaux crimes de la Turquie contre l’humanité et la civilisation, les gouvernements alliés font savoir publiquement à la Sublime-Porte qu’ils tiendront personnellement responsables desdits crimes tous les membres du gouvernement ottoman ainsi que ceux de ses agents qui se trouveraient impliqués dans de pareils massacres. »
Déclaration conjointe de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie, 24 mai 1915
Document 5 : La destruction des Arméniens de Turquie
« […] Ces massacres suscitèrent en France un grand mouvement d’opinion. Les “arménophiles” regroupèrent des intellectuels et des politiques comme Anatole France, Jean Jaurès, Marcel Sembat, Francis de Pressensé, Georges Clemenceau, Denys Cochin, Marcel Proust, Charles Péguy, Romain Rolland…
À 37 ans, Jean Jaurès, député depuis trois ans, monta à la tribune de la Chambre le 3 novembre 1896. Il interpella le gouvernement sur le rôle de la France et de l’Europe. Et dénonça une Europe “geignante et complice”. Marcel Proust témoignera dans son Jean Santeuil de cette mémorable séance : “On vient de clore la discussion sur le massacre d’Arménie. Il est convenu que la France ne fera rien. Tout à coup, à l’extrême gauche, un homme d’une trentaine d’années, un peu gros, aux cheveux noirs crépus, et qui vous aurait semblé, si vous l’aviez observé, en proie à un trouble indéfinissable et comme s’il hésitait à obéir à une voix intérieure, se balance un instant sur son banc puis levant le bras d’un geste sans expression, comme arraché par la coutume qui rend nécessaire cette formalité à qui demande la parole, se dirige d’un pas vaillant et comme effrayé de la grande responsabilité qu’il prend, vers la tribune (…)”.
Que dit Jaurès ? “Voilà dix-huit ans, messieurs (…) que l’Europe réunie au congrès de Berlin avait reconnu elle-même la nécessité de protéger les sujets arméniens de la Turquie. Voilà dix-huit ans qu’elle avait inséré dans le traité de Berlin l’engagement solennel de protéger la sécurité, la vie, l’honneur des Arméniens. Eh bien ! (…) où est la trace de cette intervention solennellement promise par l’Europe elle-même ? (…) ; Il décrivit ensuite les terribles exactions commises contre les Arméniens puis il accusa l’Europe d’avoir permis au Sultan d’achever l’extermination à plein couteau, pour se débarrasser de la question arménienne, pour se débarrasser aussi de l’hypocrite importunité d’une Europe geignante et complice comme vous l’êtes”. Dans sa conclusion on voit toute sa grande œuvre à venir : “Et alors, puisque les gouvernements, puisque les nations égarées par eux sont devenus incapables d’établir un accord élémentaire pour empêcher des actes de barbarie de se commettre au nom et sous la responsabilité de l’Europe, il faut que partout le prolétariat européen prenne en mains cette cause même”.
La solidarité en faveur des Arméniens et la dénonciation et de la politique sanguinaire du Sultan Abdülhamid II s’amplifia jusqu’en 1908. Cette année-là, le mouvement des Jeunes-Turcs, qu’on appelle aussi les Unionistes parce qu’ils sont regroupés dans le Comité Union et Progrès (CPU), laïc et progressiste comme il se présentait, renversa le monarque par un putsch (23 et 24 juillet). La gauche française, Jaurès en tête, salua l’évènement. Les partis arméniens de Turquie aussi : l’Armenakan, plutôt libéral ; l’Hentchak, socialiste et le Dachnaktsoutioun (ou Dachnak), socialiste aussi et le plus influent des trois. Ils avaient collaboré à la chute d’Abdül. Ils plaçaient dans le CPU de grands espoirs.
En France, cependant, Jean Longuet met en garde, dans L’Humanité du 25 septembre 1908, contre “les tendances autoritaires des Unionistes”. Nul ne voit cependant venir l’orage. En 1909, 20 000 Arméniens sont massacrés à Adana, sud-est du pays, par des soldats turcs venus, affirme le pouvoir, les “protéger”. Des navires français mouillent à quelques kilomètres de là. Des journalistes publient des reportages en Europe. Nul ne bouge. Pas plus le président du Conseil, Georges Clemenceau, pourtant un ancien “arménophiles”, que quiconque. Jaurès lui-même dédouane le nouveau pouvoir et accuse l’héritage de l’ancien. Quant au Dachnak, il affirme au congrès de l’Internationale socialiste, en 1910 à Copenhague, que le nouveau régime représente “une délivrance après l’enfer hamidien”. Mais encore une fois, Jean Longuet se montre, à Paris le plus perspicace : “L’honneur et l’intérêt des Jeunes-Turcs, écrit-il dans L’Humanité du 9 mai 1909, exigent la cessation immédiate de ces horreurs, une répression sévère contre leurs auteurs, des secours efficaces pour les survivants pillés, ruinés, voués à la famine […]”. »D’après Bernard Frederick, extrait d’un article paru dans L’Humanité-Dimanche, avril 2015
QUESTION
Présentez le document. Quelle est la position du gouvernement turc au sujet des Arméniens ? (doc. 1)